Homéopathie
Oscillococcinum: un remède de choc
par le Dr Nicole CURE
Toutes les pharmacies familiales connaissent Oscillococcinum, ce médicament à base de foie et cœur de canard, indiqué en dilution 200 korsakovienne.
C'est le remède du domaine homoéopathique le plus vendu au monde, mais il n'est généralement pas prescrit de façon homoéopathique car il ne possède malheureusement pas de pathogénésie hahnemannienne.
L'étude historique de ce remède nous ramène au début du siècle.
C'était l'époque où l'on cherchait à combattre les maladies chroniques telles que
tuberculose, cancer, syphilis, blennoragie, oreillons, varicelles, rougeole, eczéma et rhumatismes chroniques, ... par des procédés thérapeutiques qui relevaient de l'orthodoxie pastorienne en utilisant des substances d'origine bactérienne, mycosiques ou endotoxiniques puisque le "microbe était devenu la cause de toute pathologie".
Ces médications préfiguraient nos actuels antibiotiques et immunodépresseurs tirés de levures, nos cytokines, facteur nécrosant de tumeurs, interférons, et interleukines modernes qui dérivent de l'action des toxines bactériennes et plus particulièrement des endotoxines des entérobactéries Gram négatives.
Oscillococcinum n'est ni un extrait bactérien, ni un matériel viral, ni une toxine,bien qu'on l'ait conçu comme tel et assimilé à ces produits pendant longtemps.
C'est simplement du foie et cœur de canard de Barbarie en autolyse aseptique et sensés contenir un microbe, l'oscillocoque, observé par joseph Roy en 1925 mais non identifié par la bactériologie moderne.
- La préparation actuelle d'Oscillococcinumest stérile mais rien ne prouve qu'elle ne contienne pas quelque particule toxinique ou inductrice de cytokines pyrogènes, interféron, facteur nécrosant de tumeur, etc.,
car ce que l'on sait en revanche, c'est que le canard est le volatile le plus sale, le plus infesté de bactéries en particulier de salmonelles.
- L'appareil digestif du canard est en outre considéré de nos jours comme l'un des plus importants réservoirs du virus grippal.
L'argument est-il toutefois suffisant pour justifier de l'action d'Oscillococcinum dans la grippe?
Il n'est pas impossible qu'au cours des mutations de ce virus, les échanges de matériel génétique entre cellules de canard et virus grippal aient engendré une similitude qui pourrait répondre de l'action d'Oscillococcinum mais qui risque cependant de n'être valable qu'un certain nombre d'années.
En 1920, les rats inoculés par joseph Roy avec l'oscillocoque provenant du sang de grippés présentaient un syndrome grippal mortel, les cobayes résistant à l'infection aiguë faisaient des tumeurs mortelles à longue échéance.
En 1924, les lapins et les rats inoculés avec l'oscillocoque provenant de sang ou de tumeurs de cancéreux mourraient de grippe, avec choc thermique, pneumonie et hémorragies digestives.
Les malades cancéreux a qui l'on administrait de l'oscillocoque présentaient des réactions fébriles et un syndrome grippal, une aggravation de leur état général et de l'évolution de leur cancer.
Les grippés qui recevaient de l'oscillocoque se plaignaient soit de réactions d'aggravation avec hyperthermie, pneumonie, collapsus hémorragique, ou bien guérissaient très rapidement; c'était selon leur sensibilité et selon le dosage administré.
Tout ceci constitue une ébauche de pathogénésie pour Oscillococcinum extrait de foie et cœur de canard en tant que source d'oscillocoques, mais surtout cela permet d'établir un parallélisme, donc une similitude entre ces effets observés, la grippe et ce qui se passe dans des circonstances où interviennent les pyrogènes endogènes:
1. Le choc fébrile des maladies infectieuses aiguës, bactérienne ou virales, où entre en jeu la batterie des cytokines, interleukines, interféron et autres pyrogènes endogènes.
2. Le choc endotoxinique avec hyperthermie, collapsus, syndrome hémorragique, induit en particulier par les entérobactéries Gram négatives et mettant en jeu le Facteur Nécrosant de Tumeur: se rappeler les symptômes de la typhoïde; se rappeler les toxines bactériennes du chirurgien Coley qui en 1891 guérissaient des sarcomes osseux en déclenchant des érysipèles et autres hyperthermies
3. Le choc thermique du coup de chaleur ou hyperthermie maligne d'effort dont on suspecte actuellement l'origine endotoxinique
4. Le choc interféron des malades traités par cette substance dont on sait qu'elle déclenche un "syndrome grippal".
5. Le paludisme, l'amibiase et autres parasitoses fébriles.
Rappelons-nous les traitements par impaludation de la syphilis au siècle dernier, et du cancer récemment encore.
6. L'intoxication par les champignons vénéneux, en particulier l'amanite phalloïde, dont on sait qu'elle est réductible par des antibiotiques à fortes doses qui interviennent sur la flore entérobactérienne.
Se rappeler les études du docteur Bastien de Remiremont à ce sujet.
De récentes études sur le rythme circadien de la température chez l'animal, démontrent le rôle essentiel de la flore commensale entérobactérienne dans la régulation de la température corporelle et l'implication du facteur nécrosant de tumeurs dans l'hyperthermie de stress.
Il est même jusqu'aux plaques d'athérome où des virus et le facteur nécrosant de tumeurs sont impliqués tout récemment
A quand le vaccin contre le stress ou contre l'infarctus?
joseph Roy avait déjà prévu ces indications.
Le rôle des cytokines est aujourd'hui pressenti dans les aversions alimentaires des cancéreux; rappelons-nous l'effet "fortifiant" d'Oscillococcinum chez les cancéreux de Vannier.
Il n'est donc pas vain de penser qu'Oscillococcinum puisse avoir un effet endotoxine-like , cytokines-like et en particulier Facteur nécrosant de tumeurs-like comme le prouve son action semble-t-il bénéfique dans le syndrome grippal mais aussi dans tous les symptômes correspondant au Facteur nécrosant de tumeurs, y compris les effets vasculaires rendant compte de son efficacité dans les ulcères de jambe avec périphlébite tels que les décrivait Hui Bon Hoa.
A côté de cette action immunitaire non spécifique semblable à celle des pyrogènes endogènes, et il faut insister sur ces deux conclusions capitales, Oscillococcinum pourrait représenter le chef de file de nouveaux remèdes élaborés sur le même modèle, pour lutter par une quelconque voie interféron-like plus spécifiquement contre d'autres maladies virales, hépatite, sida et certains cancers, et selon les dosages utilisés, favoriser une action activatrice ou inhibitrice des mécanismes immunitaires, ceci dans une optique curative ou préventive.
En effet, de même que Coley sur la voie de l'endotoxine prit pour modèle la guérison spontanée de cancers lors d'érysipèle, de même sur les traces de joseph Roy, chercher à savoir ce qui se passe entre virus et cellule-hôte de l'animal porteur sain, peut dévoiler ce qui se passe entre virus et cellule envahie chez l'homme malade.
Et le succès d'Oscillococcinum utilisant l'action de la cellule-hôte animale sur le tandem virus-cellule humaine malade pourra donner la clef d'une voie de recherche justifiée actuellement par la découverte d'échanges de matériels génétiques et de signaux entre virus et cellule-hôte. C'est la première fois qu'une telle idée peut trouver une application thérapeutique grâce à la loi de similitude.
En attendant, des observations personnelles me permettent d'ajouter à celle de la grippe l'indication d'Oscillococcinum dans la crise d'herpès, souvent considérée d'ailleurs comme un épiphénomène grippal.
Il est primordial de prendre conscience que préciser les indications d'Oscillococcinum par une expérimentation plus large permettra non seulement d'établir une pathogénésie afin de le prescrire plus homoéopathiquement, mais encore de faire un pas vers la compréhension du rôle et du mode d'action de l'homoéopathie dans nos grandes pathologies virales.
http://www.homeoint.org/cgh/29-1992/cureosci.htm
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