Fung Shui
Nous pouvons vieillir sans être vieux....
Marie de Hennezel : « Nous pouvons vieillir sans être vieux »
Les habitants de l’île d’Okinawa disent que les centenaires sont des porte-bonheur.
Marie de Hennezel s’est demandé comment faire pour atteindre cet état.
Son dernier livre traite de l’art de savoir vieillir, qui est d’abord celui de savoir vivre heureux.
Un traité de sagesse pour tous les âges.
Nouvelles Clés : D’où est partie l’idée de ce livre qui, dès l’origine, s’est appelé pour vous, malgré la résistance de votre éditeur, La chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller ? (Éd. Robert Laffont)
Marie de Hennezel :
Je ne m’étais jamais penchée sur la question de la vieillesse.
En 2004, j’ai fait une conférence au Temple de l’Étoile, avec Jean-Denis Bredin et Paul-Laurent Hassoun, intitulée :
« Comment accepter de vieillir ? »,
et j’ai été frappée par l’assistance : neuf cents seniors, dont je me suis rendu compte qu’ils avaient soif de pistes, de réflexions, de conseils, pour mieux vivre ce qu’on appelle aujourd’hui le « nouvel âge des seniors ».
Grâce à une meilleure médecine, une meilleure alimentation, un mode de vie différent, les générations actuelles vivent vingt ans de plus que leurs ancêtres.
Et lorsque nous avons soixante ans, nous ne vivons plus du tout comme nos grands-parents au même âge.
Les progrès de la cosmétique comptent aussi…
Ces vingt ans devant nous représentent un territoire nouveau, sur lequel il n’y a aucun point de repère : nous sommes les premiers, les pionniers.
Beaucoup ont déjà écrit sur cet âge, en disant que c’était une véritable renaissance, ou une seconde adolescence.
Parce qu’en même temps, nous avons du temps libre.
Et les questions que cela pose sont innombrables.
Bien vieillir se résume-t-il au plan gouvernemental, axé sur la santé, l’alimentation, les exercices physiques et la relation aux autres.
Ou y a-t-il autre chose ?
C’est sur cet « autre chose » que je me suis penchée.
Tout ce qu’un plan gouvernemental laisse forcément de côté, l’aspect affectif, psychologique, spirituel.
Va-t-on simplement prolonger la jeunesse, avec une trouille épouvantable de la grande vieillesse, qui arrivera un peu plus tard, mais inexorablement.
Est-ce cela, bien vieillir ?
Ou pouvons-nous profiter de ce temps en plus pour, bien sûr, vivre le mieux possible et le plus longtemps, mais aussi pour explorer les ressources que nous avons en nous pour éveiller une conscience heureuse du vieillissement?
La question de fond, c’est qu’il nous faut sortir du déni du vieillissement, et en même temps, ne pas être vieux.
En somme comment respecter la parole de Rabhi Nahman :
« Il est interdit d’être vieux ».
NC : C’est-à-dire ? Interdit d’être triste, désespéré ?
MdH : Oui, interdit de regarder le passé avec une nostalgie déchirante, de penser que la vieillesse n’est
« qu’un naufrage », comme l’a écrit De Gaulle dans un moment sombre.
Mon livre donne deux exemples de grands vieillards heureux.
Une femme, Sœur Emmanuelle, et un homme, Stéphane Hessel
L’une est croyante, l’autre pas, mais tous deux sont des vieillards rayonnants.
J’ai écarté d’emblée l’idée que bien vieillir ne serait finalement qu’une question de croyance spirituelle.
Lorsqu’on regarde ces deux êtres, on se dit que, vraiment, on aimerait vieillir comme eux.
On aimerait être, au fond, une lumière pour son entourage.
Les habitants de l’île d’Okinawa disent :
« Les centenaires sont des porte-bonheur. »
Eh bien, nous avons, près de nous, des exemples de vieillards qui sont effectivement des porte-bonheur !
Je les ai donc longuement interviewés et, à partir de ces témoignages, j’ai exploré ce que seraient les clés d’un « bien vieillir » qui intègre la dimension spirituelle, au sens large, c’est-à-dire, le sens à donner à ce temps de la vie.
Il y a des étapes inévitables, bien sûr, pour lesquelles j’ai utilisé l’expression du « travail de vieillir », un peu comme le « travail de deuil » chez Freud.
Je crois qu’il y a un travail à effectuer. Il faut accepter que son corps, son visage vieillissent, que l’on n’a plus la même énergie physique, que l’on ne peut plus faire les mêmes choses.
C’est un travail de réconciliation avec sa vie, un travail de conscience, de méditation sur sa finitude, évidemment aussi.
Un travail de prise de conscience, finalement, du sens de ce dernier temps de la vie.
Voilà ce que j’ai exploré dans le livre.
NC : Il y a un chapitre entier consacré à la sexualité…
MdH : Ce sujet reste terriblement tabou.
C’est une sexualité souvent cachée, voire ridiculisée.
Il n’y a qu’à voir dans les maisons de retraite, le regard qu’on pose sur les histoires d’amour qui se tissent.
Le refus fréquent des enfants, d’admettre que leurs parents âgés puissent encore avoir une sexualité, certes différente de celle que l’on peut avoir à trente ans, mais tout aussi authentique, avec une part de tendresse, de sensualité très forte.
NC : Dans le Su Nu King, ce grand livre de la sexualité de la médecine chinoise, la sexualité constitue le secret de la longévité, mais aussi celui du « bien mourir », parce que celui qui sait utiliser ces énergies avec lucidité va savoir retrouver le chemin par où il est passé pour naître.
MdH : Absolument ! Je donne ainsi l’interview d’un senior qui pratique le « tao de l’art d’aimer », qui fait partie des clés de la longévité chez les Chinois.
Pour eux, la mise en contact du Ying et du Yang, de l’énergie féminine et de l’énergie masculine, fait partie du bien vieillir.
L’âge ne joue pas : si un homme âgé et une femme âgée osent joindre leurs énergies, ils y puiseront une énergie pour vivre et être heureux.
Mais de cela, on ne parle jamais !
C’est plutôt considéré comme ridicule.
NC : Nous avions été frappés, il y a quelques années, par ce qu’avait écrit Betty Friedan, dans Coming of age, traduit en français La révolte de la vieillesse.
Elle disait : « Maintenant que les baby-boomers sont en train de passer le cap des soixante ans, se pose une question de civilisation.
Bien sûr, nous disposons désormais de techniques pour rester jeunes physiquement.
C’est merveilleux, mais en même temps, ça peut être un piège.
Si tous les seniors d’un pays font semblants d’être jeunes et n’assument pas le rôle que doivent assumer les seniors, eh bien, notre civilisation est fichue.
Ce serait un déni ultime de la mort.
MdH : Je formule même l’hypothèse que si l’on vit cette période-là dans le déni, à la première alerte sérieuse d’entrée dans la grande vieillesse, on risque de basculer dans le désespoir.
Certaines théories sur la maladie d’Alzheimer, dont je me sens proche, mettraient en lien le refus d’envisager lucidement sa finitude et l’entrée dans cette maladie.
NC : Alors que le grand âge peut remplir une fonction décisive dans l’harmonie d’une société.
Les seniors ont un rôle essentiel à jouer vis-à-vis du reste de la société.
MdH : J’ai beaucoup développé ce qui est de l’ordre d’une paix découverte par la méditation, par une certaine conscience de l’être.
La vieillesse est un âge rêvé pour développer cela.
On a le temps, on est disponible.
Beaucoup de gens âgés disent qu’ils regardent le monde comme jamais ils ne l’avaient fait avant.
Je donne l’exemple d’un homme qui marchait beaucoup autrefois, et qui continue à marcher, mais de façon complètement différente.
C’est devenu une marche consciente, qui intègre la contemplation, l’émerveillement devant la beauté du monde.
Il y a une façon d’être qui peut être magnifiée dans cet âge de la vie.
Et cela rend un énorme service aux générations plus jeunes, dont l’horizon, du coup, se métamorphose.
Si vous pouvez constater qu’il y a des vieillards heureux, rayonnants, lumineux, légers, votre vie change.
Inversement, la vision de la grande vieillesse comme une catastrophe ne rend vraiment pas service aux générations qui suivent.
Nous avons la responsabilité de ne pas peser sur elles.
La responsabilité d’être des vieux heureux !
NC : Christiane Singer n’était pas encore très vieille, mais elle en parlait bien…
MdH : C’est vrai qu’elle n’a pas eu cette chance de vieillir, et en même temps, je pense que les six derniers mois de sa vie ont été un vieillissement accéléré.
Ce que d’autres vivent en vingt ans, elle l’a vécu en six mois.
Mon livre s’achève sur un hommage que je lui rends…
NC : Un an plus tôt, elle nous disait :
« Comme la mer use la nacre, la vie nous use et finit par nous rendre transparents ; à la fin, on voit la vie à travers nous ! »
(c’est ce travail d’usure et de rabotage de l’ego que l’euthanasie, sans s’en rendre compte, voudrait supprimer.)
Christiane Singer disait aussi qu’elle avait commencé à entrer dans une période où elle était contente que les autres fassent des choses dont elle avait rêvées et qu’elle ne ferait sans doute plus.
Par exemple, elle disait : « Récemment, un ami est revenu du Bhoutan, où je sais que je n’irai plus, et j’étais heureuse pour lui. »
Elle regardait aussi avec délectation les enfants, les jeunes, les couples d’amoureux, sans se projeter sur eux.
MdH : Elle disait qu’elle n’avait jamais quitté « le fil de la merveille », dont beaucoup de personnes âgées que j’ai rencontrées sentent bien que c’est la clé pour rester lumineux et rayonnant.
Le plus grand piège, c’est de se regarder soi-même.
Tous ceux qui vieillissent bien le disent : il ne faut plus se regarder, c’est fini.
Mais regarder autour de soi.
Et donc, en effet, poser son regard sur de jeunes enfants, sur un couple qui s’aime, ou sur un paysage merveilleux, procure une vraie joie.
Une dilatation de l’être.
Une capacité à sortir de soi.
Et cela, c’est quelque chose que la vieillesse apporte : éprouver de la joie dans ce que l’on capte autour de soi.
À ce moment-là, les personnes disent qu’elles ont un sentiment de s’agrandir.
NC : Henri Bauchau, à 94 ans (début 2008 NDLR), a écrit un nouveau roman, dans une admirable économie d’énergie, tel le moine qui se réveille le matin en se demandant s’il sera encore là le soir.
Il cite Braque :
« Il faut descendre jusqu’au chaos initial et s’y sentir chez soi. »
Même si le monde sombre, le vieillard, lui, reste calme.
MdH : C’est très juste : être chez soi partout !
Je donne le témoignage d’une femme qui, alors que tout le monde a horreur des maisons de retraite, dit qu’elle s’y sent chez elle.
Elle y rencontre pourtant tous les inconvénients que l’on connaît, mais elle a cette lumière intérieure qui fait qu’elle se sent chez elle partout.
C’est un message d’espoir.
Beaucoup de gens redoutent de terminer leur vie dans un établissement pour personnes dépendantes.
Si l’on découvre que, même dans ce contexte, il y a des personnes heureuses, cela change tout.
Leur bonheur n’est donc pas lié aux circonstances, mais à quelque chose qu’elles ont trouvé à l’intérieur d’elles-mêmes, qui est de l’ordre du cœur.
Ce rayonnement fait penser à Etty Hillesum qui, déportée au camp de Westerbork, avait trouvé la capacité de donner du sens même à ce lieu atroce.
Et ce sens était de rayonner de tendresse pour le monde.
Nous parlions de Christiane Singer.
Un mois avant sa mort, elle m’a dit :
« J’aimerais continuer à vivre pour bercer le monde. La tendresse est ce qu’il y a de plus extraordinaire. »
Cette réflexion m’a beaucoup frappée, et je me suis promis que si j’avais la chance, moi, de vieillir, eh bien, je bercerais le monde.
Pas seulement pour moi, aussi pour Christiane, qui aurait aimé le faire.
NC : Le philosophe allemand Gustave Fechner disait :
« Nous avons grandi dans le ventre de notre mère pour un monde que nous ignorions. Une fois nés, notre cœur développe une force à destination d’un monde que nous ignorons de nouveau. »
La vieillesse ne sert-elle pas, au fond, à nous préparer tranquillement au plus mystérieux des voyages ?
À nous rappeler que nous ne sommes ici que des locataires et qu’il va falloir nous détacher ?
MdH : Ce qui suppose un gros travail de lâcher-prise en effet !
Et nous n’avons pas trop de vingt ans devant nous pour fournir cet effort.
Sans ce travail de détachement progressif, je crois que nous allons constituer une génération de grands vieillards apeurés de plus de 85 ans, et ce sera une catastrophe pour toute notre société.
Cette prise de conscience est à faire maintenant, dans les cinq ans qui viennent, parce que cela ne s’improvise pas à 80 ans !
Certains disent :
« Même à 60 ans, c’est trop tard. » Je ne suis pas d’accord.
Certes, cela dépend de la façon dont on a vécu avant.
Mais je crois que le passage de la soixantaine peut apporter une prise de conscience majeure.
C’est en tout cas ma propre expérience.
J’avoue que j’ai d’abord très difficilement vécu ce passage.
C’était l’année dernière. Il se trouve que je traversais déjà une période très déprimée.
Et le fait de lire tous ces documents sur la vieillesse m’a littéralement plombée et même terrifiée à certains moments.
J’ai été submergée par des idées très noires et j’ai cru que je ne pourrais jamais écrire ce livre.
Il s’est alors produit quelque chose d’étonnant.
Un peu comme un rêve.
C’était la fin de l’été et j’ai emmené ma petite fille Marie, qui a dix ans, en Camargue, d’où vient ma famille maternelle, pour faire du cheval.
C’était une très belle matinée. J’étais sur un cheval blanc.
Et les chevaux se sont engagés dans le marais, avec de l’eau qui n’est pas très profonde.
Mais, à un moment donné, j’ai senti que mon cheval s’enfonçait dans la boue, jusqu’au ventre.
J’ai appelé notre guide, Florian, qui m’a dit :
« Mon Dieu, tu es tombée dans un trou !
– Comment vais-je me sortir de là ?
– Le cheval se débrouillera toujours, aucun cheval de Camargue ne reste coincé dans un marais.
Mais il n’est pas sûr du tout qu’il sorte avec toi. »
Je ne pouvais pas descendre sans m’enfoncer à mon tour.
Je ne pouvais pas non plus nager, il n’y avait pas assez d’eau.
Florian s’apprêtait à partir chercher une corde, pour me tirer jusqu’à la rive, mais au dernier moment, il a dit :
« Essaye quand même de demander à ton cheval de te sortir de là. »
Alors, j’ai parlé à mon cheval. Calmement.
Puis je lui ai donné quelques coups de talon pour lui signifier que j’étais prête.
Et d’un seul coup, il a fait trois énormes bonds, très violents, pour s’extirper de la boue.
Je suis restée accrochée à sa crinière et à ses flancs.
Je suis restée sur mon cheval !
Et il m’a ramenée sur la rive.
Sur le chemin du retour, je me suis longuement interrogée sur cette expérience.
Si cela avait été un rêve, je l’aurais interprété ainsi :
« Je suis dans un trou. Je me sens dans la boue. Je ne vois pas comment je vais pouvoir écrire ce livre. Le cheval, lui, c’est l’énergie, et le cheval blanc, c’est l’énergie spirituelle. C’est donc mon dynamisme, mon intentionnalité vitale. Si je demande à mon cheval intérieur de me sortir de là, il va le faire. »
Autrement dit, j’avais complètement perdu de vue qu’une force intérieure me portait et que je devais lui faire confiance.
C’est extraordinaire, parce que, ayant compris la leçon, j’ai recommencé à écrire sitôt rentrée chez moi !
Ensuite, j’ai rencontré des personnes âgées qui m’ont également beaucoup aidée.
Soudain, j’ai vraiment senti que la clé du « bien vieillir » était de lâcher prise et de faire confiance à cette vie qui, de toute façon, nous porte.
J’ai compris qu’au fil des années, si j’ai la chance de vieillir, j’arriverai moi aussi à la grande vieillesse et à la mort et que, si je fais confiance à ce qui me porte à l’intérieur, une dynamique me portera jusqu’au bout.
Je l’ai senti… physiquement !
La clé est là : lâcher prise et faire confiance.
NC : Et s’autoriser à rire jusqu’à la fin !
Je n’oublierai jamais mon premier reportage africain, à Douala, au Cameroun, à la fin des années 70, où j’ai vu des tablées entières d’hommes et de femmes très âgés, écroulés de rire.
Juste parce qu’ils étaient heureux de vivre et se racontaient des histoires.
MdH : C’était visiblement un rire naturel.
Par contre, je trouve triste que l’on tente d’introduire le rire dans les maisons de retraite de manière artificielle, avec des clowns et des nez rouges.
C’est complètement plaqué. Il n’y a que les clowns qui font semblant de s’amuser.
Les personnes âgées, elles, parfois démentes dans leurs fauteuils, ne rient pas du tout.
Là encore, il faut se préparer très tôt, en amont.
On ne va pas apprendre à rire à 85 ans, alors qu’il me semble encore possible de débloquer quelque chose à 60 ans
NC : Nous parlons là d’un rire très profond.
Capable d’envisager la disparition finale !
Vous consacrez bien sûr un grand chapitre au « savoir mourir »…
MdH : Comment mourir dans notre monde hyper médicalisé ?
C’est une angoisse toute nouvelle.
Va-t-on me prolonger indéfiniment ?
Va-t-on me débrancher ?
J’ai repris l’histoire de ma belle-mère, que j’avais déjà racontée dans Nous ne nous sommes pas dit au revoir.
Ce fut pour moi une très grande leçon, une façon véritablement stoïcienne de mourir et qui, en même temps, ne faisait pas violence à l’entourage.
C’est une femme qui, à 81 ans, a senti qu’elle arrivait au bout de sa vie.
Elle en avait des signes, intérieurs et extérieurs : sa mémoire commençait à s’en aller, elle n’avait plus d’appétit…
Alors elle s’est dit : « Je ne vois pas pourquoi, je m’accrocherais à une vie qui s’en va. »
Elle n’était pas déprimée. Elle était même sereine.
Mais elle a décidé de se coucher, a demandé qu’on ne l’alimente pas de force et a attendu que la mort vienne.
Elle a ainsi passé deux mois à s’éteindre doucement, en perdant ses forces.
Tous les jours, des infirmiers venaient vérifier qu’elle ne souffrait pas, l’aidant à rester propre et confortable dans son lit, lui donnant juste un peu à boire et, à la fin, humectant seulement ses lèvres.
Elle est partie tout doucement, dans une paix et un sentiment d’amour incroyables.
Elle était Irlandaise et quand on lui a demandé ce qu’elle faisait toute la journée, elle a répondu :
« Loving, I suppose. »
Je trouve que c’est une très belle façon de partir, en acquiesçant au sentiment que la vie se termine et en demandant à l’entourage de respecter cela.
NC : C’est la façon de mourir des grands maîtres. Il faut déjà être une personne d’un certain acabit !
MdH : C’était une forte personnalité, mais pas un maître.
Juste un être humain qui, comme beaucoup, avait entamé une recherche spirituelle dans les dernières années de sa vie.
Elle savait ce qu’elle voulait et ce qu’elle ne voulait pas.
L’hospitaliser de force aurait été d’une violence extraordinaire, on l’aurait intubée, elle aurait essayé d’arracher sa sonde, on l’aurait attaché à son lit…
Ce sont des scènes que l’on a vues dans certains établissements !
Cette façon qu’on a de forcer à vivre.
Là, on a respecté ce qu’elle voulait.
Et on lui a été reconnaissant d’avoir choisi une façon de mourir qui ne soit pas violente.
Qui ne culpabilise personne, qui permette de lui dire au revoir et de l’accompagner doucement.
Il n’y a pas besoin d’un acte violent, pas besoin d’une pilule euthanasiante que l’on distribuerait aux vieillards pour qu’ils se suicident.
Nul besoin de porter atteinte à la vie.
Je me dis que c’est un cadeau extraordinaire que d’avoir été témoin de cela.
C’est devenu un modèle pour moi.
Je sais que c’est possible.
À un moment donné, savoir mourir, c’est se déprendre de la vie, se laisser glisser dans la mort tout doucement.
Propos recueillis par Patrice van Eersel dan la revue Clé
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Avec sa biographie complète, ses livres et ses vidéos.
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Et « Le fil de la vie pour le bonheur des êtres vivants et décédés »